Benoit Poelvoorde à l'affiche !
- con6088
- 2 sept. 2015
- 4 min de lecture

Rencontre avec Jaco Van Dormael et son acteur St Benoît pour parler, entre autres, de leur Tout Nouveau Testament.
Benoit Poelvoorde : Bon, je vais surtout laisser parler Jaco. J’adore l'écouter parler du film, et peut être qu’il va enfin m’expliquer des trucs que je n'ai toujours pas compris. Sur le tournage je lui demandais sans arrêt: "Mais pourquoi Dieu est il aussi méchant?", et il me répondait "Et pourquoi pas ?" Jaco Van Dormael : Ahaha! BP : Une vrai réponse de curé, ça. Rien compris. Donc je lirai toutes tes interviews, Jaco.
C’est vrai ça, Jaco. Pourquoi Dieu est il aussi méchant ? C’est même pas un misanthrope rigolo, c’est un vrai sale type qui fouette sa fille à coups de ceinturon. JVD : Seul Dieu le sait… BP : Voilà, il recommence... Il parait que j’étais pas assez méchant au début. Il m’ a obligé à gueuler encore plus sur la petite qui joue ma fille. En plus, je connais sa maman, la pauvre! Je savais pas que j’avais encore autant de méchanceté en moi, c’est Jaco qui m’a tout fait sortir. D’habitude, quand je joue des ordures, je leur trouve toujours des circonstances atténuantes. Mais bon là c'était pas possible, y a rien au dessus de Dieu. Je me disais : "Ah tiens, c’est peut être à cause de son éducation qu’il met des coups de ceintures à sa gamine. Ah merde, ben non, c’est Dieu". J'avais pas de référent. rien. Au final je me suis inspiré de mon chien pour le jouer.
Pardon ? BP : Bah oui il est basique, Dieu, comme mon chien. Il ne pense qu’à l’instant. C’est fascinant, de ce point de vue là, les chiens. Je sais plus qui disait "Aucun animal n’est fait pour être domestiqué, sauf les chiens qui sont des collabos". C’est tout à fait ça. Des collabos qui ne pensent qu’à leur petit plaisir du moment. JVD : C’est comme la phrase de John Fante : "Le jour où mon chien a compris que c’était moi qui lui donnais à manger, je suis devenu son maître." BP : C’est beau, ça.... Allez on va faire une interview où on cite des auteurs. Fais gaffe parce que Jaco, il va partir sur Deleuze et Baudrillard ! Moi, un jour j’ai réussi à citer Cicéron à des journalistes. Je te dis pas le malaise dans l’assistance.
Vous vous connaissez depuis combien de temps tous les deux ? BP : Oulah... JVD : Depuis C’est arrivé près de chez vous. Moi, je montais Toto le héros dans la salle juste à coté d'eux. Et quatre fois par jours, je venais les déranger parce qu’ils mettaient les dialogues à tue-tête: "Gamiiiin! Gaaaamiiiiin !!!!!". Je devenais fou... BP: C’est vrai que ça fait longtemps. On a fait beaucoup de fêtes ensemble, beaucoup de festivals, beaucoup de fêtes de festivals… On me dit souvent que C’est arrivé près de chez vous qui a changé la donne pour le cinéma belge, mais c’est faux : c’est Toto Le Héros. C’est lui qui ouvre la voie. D'ailleurs, il reçoit la Caméra d’Or à Cannes en 91. Nous, on était juste derrière. A Cannes aussi. Aaah, ce Cannes 92… Je crois qu’en 10 jours, j’ai rencontré plus de crapules que durant toute ma vie. Un jour, on déjeune avec un espèce de vautour du cinéma français qui voulait distribuer C'est arrivé... en France, et là Jaco passe nous dire bonjour à notre table. A l’instant même où il s’en va, l‘autre salopard, qui s’était quand même rendu compte qu’on était amis, nous dit: "Il est fini lui, il pourra jamais se remettre de son succès. C’est terminé pour lui". On est resté figés sur place et puis on a quitté la table. Je crois que j’ai compris à cet instant là les rouages de cette industrie pourrie.
Vous étiez vraiment soudés à l’époque ou vous étiez juste des Belges qui débutaient dans le cinéma au même moment ? BP : La Belgique c’est un village, donc bon, on finit toujours par tous se connaître et devenir amis. Tu vas aux Magritte, t’auras toujours les mêmes: Van Dormael, Poelvoorde, Bouli Lanners et François Damiens. Quoiqu’il se passe, on est là, on n'a pas le choix. C’est spécial les Magritte, comme cérémonie, on est autorisé à picoler dans la salle, quand même. Quand un discours est un peu trop chiant, ça gueule direct: "Allez casse toi, tu nous ennuies". On voit pas trop ça aux César. Dommage.
Au moment de lancer Le Tout Nouveau Testament, Jaco sortait d’un gros bide, Mr Nobody, qui avait coûté très cher. C’est ta bankabilité, Benoit, qui a permis de monter le film ? BP : Ah bah non, parce que je le suis plus du tout, bankable. Je fais que des bides. Je suis enfin libéré de ça. Quand t’es bankable, t’as un balais dans le cul, et ils sont tous derrière toi à te l’enfoncer encore plus profond. C’est fini. Maintenant, c’est bide, bide, bide. Je suis libre.
Ok, mais l’argument marketing du film c’est quand même: “Venez voir Poelvoorde dans le rôle de Dieu”. BP : Oui, mais après avoir vu le film, c'est clair que la star c’est Jaco. JDV : Moi tout ce que je sais, c’est que personne ne voulait produire le film. Même avec Poelvoorde, Damiens et Deneuve au générique. Donc on est parti sur un modèle économique où il n’y pas de salaire réalisateur, pas de salaire producteur, pas de frais généraux et pas d’imprévus. J’ai juste appelé quelques copains pour savoir s’ils voulaient jouer dedans en leur promettant que ça ne serait pas long - puisqu’on est un peu dans une structure de film à sketches. Les seuls partenaire financiers qu’on a eu c’est Orange et Le Pacte, le distributeur. A part ça rien, même pas Canal... BP : Personne ne voulait de ce film complètement barré. Moi, je peux te jurer que quand mon agent a lu le script, elle m’a dit: "Fais pas ça, t’es malade". J’ai pas honte de le dire, Jaco le sait
source http://www.premiere.fr
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